Les quatre amis s'embrassèrent les larmes aux yeux.
Puis ils se séparèrent sans savoir s'ils se reverraient jamais.
D'Artagnan revint rue Tiquetonne avec Porthos, toujours
préoccupé et toujours cherchant quel était cet homme qu'il
avait tué. En arrivant devant l'hôtel de la Chevrette, on trouva
les équipages du baron prêts et Mousqueton en selle.
"Tenez, d'Artagnan, dit Porthos, quittez l'épée et venez avec
moi à Pierrefonds, à Bracieux ou au Vallon; nous vieillirons
ensemble en parlant de nos compagnons.
- Non pas! dit d'Artagnan. Peste! on va ouvrir la campagne,
et je veux en être; j'espère bien y gagner quelque chose!
- Et qu'espérez-vous donc devenir?
- Maréchal de France, pardieu!
- Ah! ah! fit Porthos en regardant d'Artagnan, aux gasconnades
duquel il n'avait jamais pu se faire entièrement.
- Venez avec moi, Porthos, dit d'Artagnan, je vous ferai duc.
- Non, dit Porthos, Mouston ne veut plus faire la guerre.
D'ailleurs on m'a ménagé une entrée solennelle chez moi, qui va
faire crever de dépit tous mes voisins.
- A ceci, je n'ai rien à répondre, dit d'Artagnan qui connaissait
la vanité du nouveau baron. Au revoir donc, mon ami.
- Au revoir, cher capitaine, dit Porthos. Vous savez que lorsque
vous me voudrez venir voir, vous serez toujours le bienvenu
dans ma baronnie.
- Oui, dit d'Artagnan, au retour de campagne, j'irai.
- Les équipages de monsieur le baron attendent", dit
Mousqueton.
Et les deux amis se séparèrent après s'être serré la main.
D'Artagnan resta sur la porte, suivant d'un oeil mélancolique
Porthos qui s'éloignait...
Alexandre Dumas - Vingt ans après
mardi 7 octobre 2008
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