Pour en revenir aux "Mémoires d'un tricheur" de Sacha Guitry,
je m'excuse d'avoir laissé tomber les lecteurs de mon blog
d'une manière aussi lamentable pendant une semaine...
Mais il est toujours pénible d'évoquer des tragédies...
Voilà donc comment commence ce récit :
membre d'une famille (très) nombreuse, le narrateur vole huit
sous pour acheter des billes et, pour son odieux larcin,
est privé de champignons...lesquels se révèlent vénéneux!
La famille entière trépasse bientôt dans d'atroces souffrances...
Le pauvre orphelin survivant est totalement dépassé
par l'ampleur des évènements :
"On peut pleurer son père ou sa mère, ou son frère -
mais comment voulez-vous pleurer onze personnes!
On ne sait plus ou donner de la peine..."
Et voici comment Sacha Guitry conclue son premier
chapitre (insurpassable morceau d'humour noir,
vous l'aurez compris) :
"Le jour de l'enterrement, derrière ces onze cercueils que
je suivais, la tête basse et les yeux secs, je me demandais
si le fait d'avoir été miraculeusement épargné ne me
donnait pas l'air d'avoir assasiné tout ce monde -
cependant que dans mon dos, l'on chuchotait :
"Savez-vous pourquoi le petit n'est pas mort?...
Parce qu'il a volé!"
Oui, j'étais vivant parce que j'avais volé. De là à en
conclure que les autres étaient morts parce qu'ils étaient
honnêtes..."
A noter que Sacha Guitry a adapté lui-même son récit au cinéma
en 1936 - soit un an après la publication du livre - sous le titre
"Le roman d'un tricheur".